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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 11:00

Ali MATHLOUTHI 038

 

Recruté au RC Lens en juin 2011 avant d'être écarté par Jean-Louis Garcia 5 mois plus tard, l'attaquant tunisien de 25 ans vide son sac. Conscient de ne pas avoir fait ses preuves, il nous a livré juste après son transfert au Club Africain ses vérités sur le management de l'entraîneur lensois et l'atmosphère au sein du vestiaire artésien. Ses dernières primes touchées, il a donné dimanche son accord pour la publication de cet entretien.

 

Ali Mathlouthi, que retenez-vous de votre saison 2011-2012 à Lens ?
Si j’ai pu m’exprimer pendant les matches de préparation, quand je suis arrivé, l’équipe était déjà formée. De toute façon, quoiqu’il arrivait, ce sont toujours les mêmes qui sortaient du groupe. Par exemple, après notre défaite 3-0 à Arles, Jean-Louis Garcia avait dit qu’il remanierait profondément l’équipe. Au final, il n’y a eu que 2 modifications. Franck Queudrue et moi sommes sortis du onze.

Vous remettez donc en cause le choix des hommes et des compositions d’équipe ?
Les titulaires étaient choisis en fonction de statuts bien établis et des affinités du coach. Jean-Louis Garcia n’aime pas les joueurs à tempérament comme moi ou Julien Toudic par exemple. Dès lors que nous avons dit ce que nous pensions, nous sommes sortis du groupe. Après Arles et ma mise à l’écart, je lui ai expliqué que j’aspirais à plus de temps de jeu, que j’avais envie de jouer. Il m’a dit d’arrêter mon cinéma et s’est énervé.

Comment se passaient les relations avec le reste du groupe ?
Il a peur de certains éléments dans le vestiaire. Il en maltraite d’autres. Il m’a fait comprendre que je venais de National alors qu’Eduardo et David Pollet avaient déjà évolué en Ligue 2. A chaque match, il ne cessait de répéter : « Allez les gars, c’est aujourd’hui que le championnat commence… ». Il met certains joueurs sur un piédestal. Il peut en considérer certains comme Zidane ou Messi et mettre les autres au niveau d’une DH.

"Il a besoin de mecs qui boivent ses paroles"

Personne n’a réagi face à ce management ?
A une période de l’année, cela ne fonctionnait plus trop. Après le 2-2 à Laval me semble-t-il. Il convoque une réunion avec le groupe et demande à chacun de se lâcher, de dire ce qu’il a sur le cœur, que rien ne sortirait du vestiaire. Pascal Bérenguer a alors pris la parole pour lui dire, au nom de l’équipe, qu’il criait trop sur le bord de la touche. Dès lors, Pascal a été sorti du groupe et le lendemain, le président est venu s’exprimer pour défendre Jean-Louis Garcia.

Est-ce la seule anecdote à ce propos ?
Non, une autre fois, un samedi, à 2 jours d’un match, ils nous rassemblent dans le vestiaire en expliquant que son groupe n’est pas encore formé et que les convocations tomberont le dimanche. En revanche, il précise que les non-convoqués iront à une séance de dédicaces au magasin du club. Seulement, à la fin de la séance, plusieurs éléments, dont moi, ont découvert dans leurs casiers des courriers pour aller participer à cette dédicace…  Autrement dit, son groupe était déjà composé contrairement à ce qu’il nous avait raconté. J’allais péter un plomb ! Il y a eu plein d’histoires... Je me souviens même qu'il ait demandé au capitaine s’il devait effectuer une mise au vert ou non avant un match. Il ne savait plus, il était perdu.

Comment expliquez-vous que vous ayez peu accroché avec lui ?
Dans son recrutement, il me voulait. Mais en suite, il a raconté tout et n’importe quoi pour justifier ses choix. Je l’ai entendu plusieurs fois me critiquer. Je suis quelqu’un qui aime chambrer sur un terrain, comme beaucoup de joueurs, mais cela ne lui plaisait pas. Il n’a pas hésité à me tirer dessus. C’est facile de mettre un élément à l’écart. Mais lui a besoin de mecs qui boivent ses paroles. Voilà pourquoi j’ai été écarté. Et ensuite, il raconte à droite et à gauche que je ne suis pas dans l’état d’esprit…

"Au moins les trois-quarts du vestiaire n’en pouvaient plus"

Que pensez-vous de ses méthodes d’entraînement ?
Un jour à l’entraînement, il m’a dit : « il faudrait que tu joues comme Maoulida. Que tu joues la carotte. » Il croit que le football professionnel, c’est de la PlayStation. En conférence de presse, il se prend pour Capello. Rien n’est jamais de sa faute. Pourtant, il n’a jamais rien gagné ! Dès le lundi tu connais déjà l’équipe alignée le week-end. Toute la semaine, tu ne fais que travailler la défense. Et il n’y a pas que les joueurs qui n’en pouvaient plus l’an dernier…

C'est-à-dire ? Selon vous, Jean-Louis Garcia aurait déjà été menacé ?
Lors du déplacement à Tours, c’était sa dernière chance. Mon ancien agent était très proche d’un membre du staff (ndlr : Jeannot Woerth, également l’ancien agent de Jocelyn Blanchard, le directeur sportif de l’époque). En cas de contreperformance, il était viré ! Plusieurs fois, des membres de la direction sont restés interloqués devant les causeries d’avant match, certains joueurs en sont même déjà sortis le sourire aux lèvres. De toute façon, au moins les trois-quarts du vestiaire n’en pouvaient plus. Mais comme ils sont sous contrat, ils ferment leur bouche. Sincèrement, heureusement que dans le vestiaire tout le monde s’entendait bien car le coach va bientôt dire à chacun comment s’habiller. Il a besoin de moutons et de brebis qui l’adoubent. Même au sein de la direction, certains n’en peuvent plus de son comportement, toujours à crier sur le bord du terrain. L’erreur de recrutement de l’an dernier, c’est lui et non les joueurs. Avec l’un des meilleurs effectifs de Ligue 2, il n’est pas normal de jouer le maintien à la dernière journée.

Mis au courant des propos d’Ali Mathlouthi, Jean-Louis Garcia n’a pas souhaité s’exprimer et bénéficier du droit de réponse que nous lui proposions.

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